JOURNALISTE EN HERB
J’étais lycéen comme les autres mais une chance m’est tombée sur la tête
Le journal Maroc Presse venait d’ouvrir et m’a demandé d’assurer une rubrique ce fut un moment d'ivresse
Voilà ce que je raconte à ma petite fille, elle aussi journaliste, dans le livre qu’elle m’a demandé.
« Maroc Presse » qui prônait une politique libérale de la France au Maroc ouvrit une agence à Meknès. On me présenta à son représentant local. Jean Boulet désirait des petits textes sur la communauté juive – celle qui pouvait lire et payer un journal dès lors que l’on parlait d’elle. J’étais encore en seconde, mais écrire dans un quotidien et voir mon nom imprimé en bas d’un article devint plus qu’un jeu, une véritable ivresse. Je ne pensais plus qu’à cela. Mon premier papier me valut une camarilla pour cette simple petite phrase : « quant aux jeunes, ils font les cent pas sur l’avenue de Jérusalem pour faire admirer leurs beaux costumes » et une pétition envoyée au journal, signée par une centaine de personnes dont « mes amis les plus chers ». La pétition me valut une convocation à la rédaction du journal. Qui était cet Arama qui, pour son premier papier, mettait le feu autour de lui ? Preuve que j’avais été lu. Au siège du journal, Rue Dumont d’Urville à Casablanca, Antoine Mazella, le rédacteur en chef, fut tout surpris par le jeune « hirsute » qui n’était qu’un lycéen et se voyait journaliste. »
Maurice ARAMA
Paris Octobre 2025