LE DEJJ , ÉCOLE DE LA VIE
Mon premier contact avec le DEJJ s'est déroulé en 1967, année de la guerre des 6 jours.
A la suite d'un pogrome subi par ma famille dans les rues de TUNIS (TUNISIE), que mes parents considéraient être '' Le Café des Délices '' jusqu'à lors : synagogues brûlées et saccagées, hordes de manifestants déversant leur haine avec la participation de la police envers les biens et les personnes juives, nous avons dû plier bagage, six personnes, avec trois valises et trente dinars tunisiens et des billets d'avion aller et retour !
En tout et pour tout !!!
Aîné de la famille, j'avais 13ans et demi.
C'est par le FSJU ,Fonds Social Juif Unifié, qui nous avait aidés en tant que réfugiés, que mes parents ont confié leurs trois grands enfants au DEJJ pour une colonie de vacances à Magland (Savoie) durant trois semaines.
Inoubliable, ce moment plein d'émotions où j’ai découvert la vie d’une colonie de vacances juives, une expérience que je n'avais jamais vécue auparavant en Tunisie !
Une nouvelle porte vers un nouveau monde, inconnu jusque-là.
J’ai eu la chance d’avoir comme premier chef de camp Raymond Darmon mon premier maître, dirigeant avec amour et efficacité ses équipes d'animation, Daniel Brami, Nadine Darmon, Willy Cohen etc., sous l'œil bienfaisant de Chevreuil, directeur de la colo, que son souvenir nous apporte des bénédictions !!!
C'est donc à Magland que je fus '' enrôlé '' par cette découverte de la vie juive en communauté, par cette animation vivante et vécue, toute nouvelle pour moi, qui, issue d'une famille religieuse traditionnelle, a trouvé une nouvelle expression du vécu juif.
Mes parents m'ont donné le goût d'apprendre, le premier cadeau que j’avais reçu de mon père, Paix à son âme, fut un petit dictionnaire Larousse illustré ; et ma mère qui m’amenait tous les jours au Ketab chez le Rabbin David KOSKAS qui m’a initié à l’étude de la Torah. Et, ...
J'ai appris à ce moment précis, à Magland, ce qu'est l'engagement, la responsabilité envers l'Autre, du dévouement à une cause qui était ancrée en moi sans le savoir, et que la colo a su me révéler à travers mes nouveaux amis - les Michel Fahri, Pierre Hatchuel, Serge Bel Ange... et nos '' MONITEURS ".
Dès la fin de la colo Magland, en rentrant à Nice, je me suis précipité au local du DEJJ, où j'ai retrouvé mes nouveaux copains niçois, Raymond Fitoussi, Charles Tresser, Serge Ankri...quelle brochette ! Et surtout CHEVREUIL, Salomon AFLALO qui fut pour moi un guide, un maître qui m’a suivi et qui m’a offert des opportunités de rencontres avec des personnes qui ont forgées en moi un militantisme permanent acquis à travers les stages de formation d’animateur : Böltigen, Gwatt, Därstetten
,La Sainte Beaume et autres minis-camps à La Tour de Mare.
Des camps de vacances, San Pellegrino, La Parata, Beauvezer, Valescure, St Alban, Annecy, Valjouffrey, et puis... des activités en ville et dans les banlieues niçoises, L’Ariane, St Augustin, les rencontres avec le DEJJ des autres villes de France, les forums de la jeunesse, le spectacle Provence Cote d’Azur, m’ont fait grandir dans la communauté juive mais aussi dans la cité.
Tous ces lieux d'expérience et de rassemblement furent à l'origine de ma formation en tant que juif dans la Cité moderne.
J'ai aussi eu l' honneur de diriger beaucoup de centres de vacances, en France et en Israël, et des stages nationaux des animateurs et cadres du DEJJ, sous la direction de Rikky pendant plusieurs années pendant les vacances scolaires de décembre.
Avec des personnalités inoubliables : Erik COHEN, Henry SABBAH, Lama (ROSILIO), Jacques BAKOUCHE, Mickael ABITBOUL, Jacques OVADIA,...
Mais ce qui m'a construit indubitablement c'est "la bonne fréquentation », de mes débuts de jeune adulte :
Lynclair, Otarie, Chevreuil, Esther et Autruche, Ricky, Bélier, les Sultan, Maurice Aziza, Claude Laloum, etc., on les surnommait « La Ménagerie »
et de plus Manitou, Josy Eisenberg, Grand Rabbin Chouchena, Daniel Gottlieb, Alex Derczansky, Renée Neher-Bernheim, ...vous comprenez que tout cela réuni et cumulé, entre savoir-faire et faire savoir, ils ont su nous inculquer les secrets de la pédagogie juive : la transmission par le vécu des valeurs de notre patrimoine ancestral.
Quels modèles à suivre de ces personnes qui portent bien leur nom, de Bon Renom !
On en parle encore.
Je leur dois tout. Ils étaient des Maîtres selon la Tradition Juive, et de plus à la française, dans la langue de notre quotidien.
Le DEJJ est pour moi l'école de la vie ou j'ai beaucoup appris pour rester lié à la communauté juive, à Israël, à la pérennité du peuple juif dans le monde, et aujourd'hui, me concernant, à l’État d’Israël. Où se déroule aujourd'hui, l’histoire en devenir, renouvelée du peuple juif.
C'est tout cela que j'ai appris au DEJJ depuis mes quatorze ans en débarquant un jour de 1967 de ma Tunisie natale, ce et qui m’a conduit en Eretz Israël,
L' Ancien Nouveau Monde de notre futur.
Je pourrais encore et encore raconter de multiples expériences DEJJ.
Et je retiens que "çà à marcher" grâce à notre proximité, être très proche, de tous les juifs, d'où qu’ils viennent et comme ils sont.
Le plus important, c’est le débat, fil conducteur, et de mettre tout en œuvre pour garder notre lien d’appartenance à la Communauté, à rassembler, à travers le vécu de la Tradition d’Israël.
Comme nous l’a appris LYNCLAIR, démonter les mécanismes pour d’abord comprendre en vue non de détruire ou de renier ses traditions, mais de reconstruire en vue d’un avenir meilleur pour le Bien de tous ou comme dirait MANITOU, pour le Salut de notre peuple, et de l’humanité.
Gérard SEBAG
DEJJ NICE