DEJJ ET TALMUD THORA
J’ai fait partie du D.E.J.J. à Lyon durant les années 1969-1971.
Bien que cette période fut très courte, elle a marqué ma vie de manière définitive et permanente. En effet si encore aujourd’hui je suis active et volontaire au sein de la communauté francophone en Israël c’est grâce au DEJJ.
Fraichement débarquée d’Aix-les-Bains où j’avais séjourné 6 ans ,3 ans à étudier au séminaire et 3 ans à enseigner, je débutais mon parcours à Lyon, après le décès récent de mon père, professeur à l’école juive de Lyon ,créée par le Grand Rabbin régional Jean Klingzl.
Bien vite, les samedis après-midi et les dimanches, je participais aux activités organisées à la synagogue de Lyon- Duchère où j’habitais. J’enseignais également au Talmud Thora le dimanche matin.
Évidemment je fus vite repérée par Salomon et Ester Abitbol toujours à l’affut de nouveaux cadres compétents pour animer et encadrer les activités du DEJJ.
Ils me proposèrent d’aider André Guedj et prendre la responsabilité d’un groupe de Pionniers à La Duchère. Donc me voilà embarquée dans la grande aventure du DEJJ ce qui me prends tout mon temps libre après l’enseignement. Ma mère n’apprécie pas beaucoup car du coup je suis peu souvent à la maison.
Cette année je me donnais à fond pour les Pionniers et avec André nous formions une équipe efficace et complémentaire. En été, j’encadrais deux camps Pionniers en Corse, l’un derrière l’autre et un groupe en Israël.
Au début de l’année 70 Esther me demanda de quitter l’École juive de Lyon et devenir sa secrétaire au DEJJ, salariée du FSJU. J’acceptais avec enthousiasme car il m’était devenu difficile de conjuguer mes deux activités et surtout à l’idée de travailler avec Ester était pour moi une source d’enrichissement personnel.
Toute l’année fut menée à un rythme intensif : préparations des activités à grande et petite échelle , organisation et participation aux séminaires d‘hiver en Suisse et en Provence pour former de nouveaux cadres , efforts permanents pour consolider notre action auprès des enfants et adolescents face aux mouvements de jeunesse sionistes comme le DROR ou le BNE AKIVA .Nous ne ménagions pas nos efforts pour toucher toutes les communautés autour de Lyon où nous savions que beaucoup d’enfants de rapatriés étaient livrés à eux-mêmes ou récupérés par les centres sociaux et MJC locaux, non juifs .
Envoyer le plus grand nombre d’enfants possible en colonies de vacances était notre deuxième priorité. Esther, grâce aux aides du FSJU, aux bourses de l’éducation nationale et de la Caisse d’Allocations familiales, était passée experte dans ce domaine. Les familles lui ont été toujours reconnaissantes.
Transmettre tout notre riche et historique patrimoine juif de manière accessible, agréable et récréative était notre objectif. Ainsi par exemple nous avons organisé pendant les vacances scolaires de Pâques un séjour d’une semaine dans une auberge de jeunesse près de Lyon, un pré-séder de Pessah où nous avons sensibilisé les enfants à l’histoire de la sortie d’Égypte et les avons préparé à comprendre et à participer activement au séder familial, fastidieux, long et ennuyeux pour des enfants qui ne comprennent pas l’hébreu.
Comme je continuais à enseigner au Talmud Thora les jeudis et dimanches matin, Ester et moi, avions compris que les méthodes d’enseignement n’étaient plus d’actualité, parfois démotivantes. Nous avions observé en particulier que les enfants venaient plus par obligation des parents que par plaisir. Aussi nous décidâmes d’introduire des méthodes plus modernes ,plus accessibles aux enfants. Nous préparions des fiches de travail colorées et attrayantes pour enseigner la lecture et l’écriture hébraïque, les fêtes, l’histoire juive. Nous distribuions ces fiches aux professeurs et aux rabbins. Heureusement qu’Ester était reconnue pour ses capacités d’éducatrice dans la communauté pour faire accepter ce changement radical. Cela s’est passé assez bien quoique parfois….
J’ai à cette occasion créé et écrit un manuel pour enseigner la lecture hébraïque par la méthode globale qui était toute récente à l’époque et imposée dans les écoles. Cette approche d'apprentissage de la lecture visait à faire reconnaître aux enfants les mots dans leur ensemble, sans les décortiquer en syllabes. Ce livret a été utilisé durant de nombreuses années dans les Talmud Thora de la région lyonnaise.
Cependant étant depuis mon jeune âge très sioniste et me voyant à l’âge de 25 ans toujours célibataire, l’appel d’Israël s’imposa en moi et à Souccoth de l’année 71 je quittais ma famille, le DEJJ et Lyon pour monter en Israël.
Par ce récit je tiens à honorer la mémoire de Salomon et Ester Abitbol qui m’ont tant marqué et marqué tant de jeunes de cette époque et bien après.
יהיה זיכרם ברוך
Nicole TORDJMANN
DEJJ LYON – ASHKELON
Octobre 2025