LA CRÉATION DU DEJJ À TOULOUSE
La vie juive à Toulouse
À partir de 1948 et jusqu’en 1956 près de 2400000 juifs du Maroc émigrent, en plusieurs phases, en Israël.
Dans les années 50 et jusqu’en 1964, plusieurs dizaines de familles juives du Maroc s’installent à Toulouse.
En 1962, les « évènements » d’Algérie font rage. Les juifs s’enfuient, prennent la destination d’Israël et de la France.
La France n’a pas prévu l’arrivée massive de près d’un million de pieds-noirs et harkis. Les « rapatriés » ne sont pas secouru par les autorités municipales. Les communautés juives de France s’efforcent d’accueillir 130000 juifs dont plus de 20000 à Toulouse, avec chaleur et dignité. La solidarité juive se substitue à la solidarité nationale. Elle se met progressivement en place avec le soutien du FSJU et des communautés locales.
En 1960, à Toulouse, la communauté juive est peu structurée et essentiellement ashkénaze avec toutefois une communauté turque à la rue de Rome. La communauté toulousaine compte quelques dizaines de familles, bien installées. Elle est dirigée par le Dr Grynfogel.
Les juifs de Toulouse vont bien accueillir leurs frères d’Algérie dans un élan de générosité qui n'a pas toujours été exempt de difficultés. « Il y a eu quelques étincelles. Ceux qui arrivaient étaient particulièrement choqués, paniqués et souvent méfiants, à l'égard des métropolitains »
Construite en 1856, la synagogue historique de la Rue Palaprat va s’avérer très vite trop petite pour les accueillir et inadaptée au rite sépharade. Le Rabin Éphraïm Rozen originaire de Pologne en était le guide spirituel. Aux différences d'habitudes, se superposent des différences de classes entre la bourgeoisie commerçante de la ville et la masse, plutôt modeste, des nouveaux venus. Mais très vite, on voit des passerelles s'établir entre les groupes. Les mariages « mixtes » ashkénazes/sépharades illustrent la rapide osmose entre les populations. « Partout en France, ce type d'unions a été quasiment consécutif à l'arrivée des juifs d'Afrique du Nord. Pour des raisons évidentes, il n'y avait presque pas d'ashkénazes pour se marier avec ! Donc, ils ont bien été obligés de se marier avec des pieds-noirs ou d'aller à l'extérieur »
Avec l’arrivée de plus de 20000 juifs d’Algérie et du Maroc, les lieux de culte se multiplient pour répondre aux différents rites : rite sépharade à la Vieille Nouvelle Synagogue, rue du Rempart Saint Etienne, inaugurée le 23 Septembre 1962. Officient successivement les Rabbins Joseph Toledano, puis en 1967 le Grand Rabbin Eliahou Georges Haïk puis en 1973 le Grand Rabbin Amram Armand Castiel.
Au centre-ville, la synagogue Adath Yéchouroun, rue Jules Chalande, de rite ashkénaze, est tenue par les Loubavitch.
L’oratoire 36 rue du Pech (Bagatelle)
L’oratoire de la Roseraie, (Nord de la ville)
L’oratoire turc rue de Rome
L’oratoire Gerson, rue d’Alsace Lorraine.
Le 18 décembre 1998, l'Espace du judaïsme qui intègre la nouvelle grande synagogue de Toulouse, Hekhal David, est officiellement inauguré place Riquet. La synagogue Palaprat reste ouverte, mais perd son rôle de synagogue principale de Toulouse. Le siège du consistoire est aussi transféré place Riquet.
Le 19 mars 2012, l’islamiste Mohammed Merah tue trois enfants : Gabriel Sandler, Arié Sandler, et Myriam Monsonego et l'enseignant Jonathan Sandler, devant et dans la cour de l'école juive de Toulouse Ozar-Hatorah, ...
La création du DEJJ à Toulouse
André DARMON, Otarie, a quitté son Algérie natale en 1951 pour rejoindre sa belle-famille à Casablanca. C’est le début d’une riche aventure avec Edgard GUEDJ, Lynclair, natif lui aussi d’Algérie et venu des EI comme lui.
Au Maroc, le DEJJ est créé en 1949.
En Septembre 1962, pour répondre à l’arrivée des jeunes juifs d’Algérie, Edgard GUEDJ, Lynclair, présente au Conseil National du FSJU un plan d'action pour la jeunesse. Ce plan est adopté.
Une partie importante de l'équipe dirigeante du D.E.J.J.- Maroc se transplante en France et rapidement un plan d'action d'urgence est mis en place pour les rapatriés.
André DARMON, Otarie, est nommé Délégué régional du DEJJ à Toulouse.
Otarie est avant tout un scout, un serviteur de la communauté, un éducateur, un homme modeste, économe des grands discours, terriblement efficace.
« Rarement au cours des réunions nationales, il a nous a enseigné un chant ou harangué pour nous inciter à l’action ou nous dire l’importance et la nécessité de notre mission. Cependant entouré des cadres qu’il avait formé, il était à son aise, savait les mettre en confiance, leur confier des responsabilités. Il parlait de ses cadres comme étant les acteurs essentiels du DEJJ à Toulouse pour les mettre en avant.
Le démarrage de sa délégation est difficile bien que aidé par le délégué régional du FSJU, Monsieur Léon Zrihen, le papa de Jo.
Ses missions premières seront de
· recenser les familles juives, quartier par quartier, immeuble par immeuble notamment en Centre-ville, mais aussi dans les cités populaires de Bagatelle, du Mirail, Revel ou de Villefranche-de-Lauragais
· recruter de jeunes étudiants, de les former pour en faire les futurs cadres.
Ses premières recrues s’appellent Jean-Pierre Elbaz, Gisèle Corcos, Roger Attali [ a mon avis il s’est joint plus tard ) . Jean Pierre Elbaz [ Marc Elbaz s’est joint bien plus tard avec « les cercles du renouveau » ] Chantale Chemack, Henri Pierre Guigui. [ ajouter Jo Zrihen , George Gabay, Gislaine Nabet ]
Ces jeunes sont âgés de 17 ans, parfois moins. Otarie va les mettre en confiance et leur confier des responsabilités au sein des Redef, (6 – 11 ans) et des Pionniers (12-15 ans) auxquelles ils ne s’attendent pas
Ses premières recrues s’appellent Jean-Pierre Elbaz, Gisèle Corcos, Jean Pierre Elbaz, Chantale Chemack, Henri Pierre Guigui, Jo Zrihen, Georges Gabay, Ghislaine Nabet.
Un peu plus tard s’ajouteront Roger Attali, Marc Elbaz avec la création du « Cercle du Renouveau » de Toulouse.
Ces jeunes sont âgés de 17 ans, parfois moins. Otarie va les mettre en confiance et leur confier des responsabilités au sein des Redef, (6 – 11 ans) et des Pionniers (12-15 ans) auxquelles ils ne s’attendent pas.
À ses débuts, les réunions de formations, les réunions des cadres et les activités du DEJJ se déroulent rue du Rempart Saint Etienne ainsi que les onegh shabbat des groupes du centre-ville.
À partir du premier semestre 1963 les activités s’intensifient : ateliers de chants, de danses israéliennes, de théâtre, préparation des spectacles pour célébrer les fêtes juives, organisation des fameuses macchabiades annuelles, des randonnées, des bals pour collecter des fonds qui serviront à couvrir les besoins des activités.
La trame des activités reste la vie juive : retour à la judéité, apprentissage et observations des pratiques juives, transmission des enseignements juifs traditionnels, transmission de l’histoire juive, celle du sionisme, enseignement des valeurs du DEJJ, transmission d’un judaïsme ouvert sur le monde, axée sur le respect, la tolérance, la solidarité, l’engagement communautaire , enseignement d’un judaïsme mettant l'accent sur la réflexion personnelle et l'intégration dans la société israélienne.
En période de tensions les jeunes du DEJJ se mobilisent autour d’Israël. C’est le cas lors de la Guerre des Six jours et de celle de Kippour. C’est aussi autour de la Défense et de la Libération des Juifs d’URSS.
À ses débuts , le DEJJ concentre ses activités sur les Redef (6-11 ans). Jean-Pierre Elbaz, Gisèle Corcos , sa sœur Coco, son frère Popy, organisent des activités en semaine et Chabbat
Pour les pré-adolescents (12-15 ans) « les Pionniers » , ils deviendront sous la direction de Jo Zrihen ,assisté de Guy Amsellem et Yves Benitah , le noyau dur du DEJJ ,l’élément moteur, le groupe le plus dynamique, le réservoir des futurs cadres du mouvement
Les pionniers se réunissent à LA CAVE, au 36 rue des Marchands-Esquirol.
Sous l’impulsion de Claude Laloum , secondé par Chantal Chemak et Nicole Attali sera créé la JAC, Jeune Action Communautaire (16 ans et plus). Claude Laloum sera très proche de la pensée de Lynclair. Il deviendra permanent du DEJJ à Paris dans les années 70.
Tout comme Boulette à Marseille, Otarie, va multiplier les centres de vacances qui seront le ciment des groupes Pionniers et de la JAC : Rabastens, Layrac-sur-Tarn, Villefranche-du-Queyran, Salies du Salat, Saint-Pé-de-Bigorre, La Tour de Mare, Ashkelon
À ces activités s’ajoutent les inoubliables stages de formation du Suquet de Gwatt , de Boltingen et les rencontres nationales à Paris.
En quelques années, le DEJJ s’est implanté durablement à Toulouse ; il a modifié le visage de la communauté juive à Toulouse.
Les activités durant l’année se passaient principalement au Centre Communautaire de la rue du Rempart Saint Etienne, mais aussi au-dessus de la synagogue de la rue du Pech sur la rive gauche.
Le DEJJ a quitté le Centre Communautaire rue du Rempart Saint Etienne pour des locaux au 36 Bd de Strasbourg.
En 1972, sous la pression des mouvements de jeunesse qui considéraient que le FSJU favorisait le DEJJ à leur détriment, le FSJU cesse de prendre en charge les délégations du DEJJ. Les subventions octroyées au DEJJ par le FSJU diminuent d’année en année. Les délégués régionaux du DEJJ sont reclassés ou émigrent en Israël. « Une décision grave de conséquences, une belle bêtise d’arrêter le mouvement ».
En 1972, au départ d’Otarie, muté à Marseille, Jo Zrihen le remplacera. Jo sera plus tard Vice Pdt du Centre Communautaire de Paris et Vice Pdt du FSJU. En Israël, en 2005, il fondera avec d’autres anciens du DEJJ, la FIF, Fédération Israélienne Francophone, un ancêtre de Qualita.
Gérald Benarrous lui succèdera jusqu’en 1978.
Le DEJJ Toulouse sera l’une des délégations ayant grandement contribué à la Alya de ses cadres en Israël : Popy Corcos, Gisèle Mamane-Corcos, Claude Laloum, Jo Zrihen, Dominique Azoulay, Michèle Benazra, Michel Levy, Robert Sebbag, Pierre Zerbib,…
Rédaction collective
Margalith Benarrous-Darmon
Prosper -Popy Corcos
Gérald Benarrous
Jean-Claude Bensoussan