HAÏM BENLOLO – BÉLIER
« Une voix à laquelle on se réfère,
une opinion respectée et jugée fiable »
Haïm BENLOLO nait à Casablanca, au Maroc, le 11 septembre 1942. Fils de Rachel et Yehuda Benlolo, il est l’aîné d’une fratrie de sept enfants. Dès son plus jeune âge, il est un « chef » et un référent, d’abord pour ses quatre frères et ses deux sœurs. Les grands chefs EI (Éclaireurs Israélites) qui le totémisent en 1959 ne pouvaient pas trouver totem plus approprié. Haïm Benlolo devient naturellement « Bélier », ou plus précisément encore, « Bélier volontaire ».
Bélier passe par toutes les étapes des Éclaireurs Israélites au Maroc, accompagné de son fidèle ami de toujours, Charles Ohnona, « Bambou ». Ensemble dans la troupe Edmond Fleg dès 1956, Bélier et Bambou deviennent aussi ensemble instituteurs. Ils sont inséparables.
Bélier rencontre Lynclair, fondateur du DEJJ au Maroc, quand il devient chef de troupe. Lynclair repère rapidement les talents d’organisateur de ce jeune homme de 20 ans, qui s’étaient exprimés tout particulièrement dans la planification du « camp volant » de 150 éclaireurs et éclaireuses dans le grand sud marocain. Il lui propose alors de développer à Paris le DEJJ.
Bélier quitte donc le Maroc en 1963. Il est d’abord et avant tout attiré par la mission éducative exaltante que lui propose Lynclair, mais doit aussi partir du fait de ses activités sionistes. Bélier est en effet engagé à l’époque, en parallèle de ses activités aux EI, auprès du Bné Hakiva, notamment pour sensibiliser les familles souhaitant faire leur Alya et leur apporter une assistance. Il quitte le Maroc, car repéré par les autorités pour ces activités alors clandestines.
Bélier commence son action au DEJJ à Lyon, fin 1963, tandis que Bambou rejoint le DEJJ de Marseille. Pendant quatre ans, il va à la rencontre des communautés juives venues notamment d’Algérie et installées dans la région lyonnaise. Il leur propose des activités, des retrouvailles, des célébrations de fêtes juives, pour les enfants comme pour les jeunes adultes. Il est parfois accompagné d’Esther Abitbol, qui a créé, avec son mari Salomon, « Autruche », la Maison des Jeunes à Saint-Fons. Ils deviennent des amis très proches. Bélier aura toujours un statut à part dans le cœur d’Esther, sensible à ses blagues grivoises légendaires qu’il est le seul à pouvoir faire avec elle, et qui lui vaudront souvent de la part d’Autruche des « Misérable ! » aussi sonores qu’amusés.
En 1967, à la demande de Lynclair, Bélier vient à Paris. Il lance et développe la branche des « Pionniers », destinée à encadrer les adolescents de 11 à 15 ans.
Il crée au sein des pionniers la BEP, « Base d’Entraînement Pionnier », et la BEC, « Base d’Entraînement des Cadres ». Il parvient, entouré d’équipes qu’il fédère autour de sa vision de la jeunesse, à tirer le meilleur de tous ces jeunes, en leur proposant des activités, des espaces pour développer leurs talents parfois cachés, pour exprimer et donner tout leur potentiel, que ce soit dans les études, la prise de parole, le militantisme, l’encadrement, le théâtre, la musique ou le sport.
Pédagogue, Bélier est aussi un homme de dialogue, pour qui le pluralisme et la tolérance de chacun dans ses différences, au sein de la communauté juive et en dehors, doivent être une véritable ligne de conduite. Il développe par exemple, juste après la Guerre des six jours, les Groupes « Vérité ». Dans une période troublée, difficile pour les communautés juives de la diaspora et pour Israël, Bélier œuvre pour le dialogue et la compréhension, en multipliant à travers ces Groupes les interventions dans les lycées, l’organisation de colloques ou de conférences, où Juifs et non-Juifs trouvent un espace commun de discussion et de débat.
Bélier implante aussi à cette époque les camps en Corse, où son sens de l’organisation et du contact font merveille, notamment avec les pouvoirs locaux, les propriétaires et la population corses.
Il rencontre alors Katie, qui devient sa femme en 1973. Sa présence à ses côtés sera décisive. Elle sera la pierre angulaire de la famille très féminine (trois filles !) que Bélier fonde avec elle. Pour les amis et compagnons de toujours, Katie, c’est une personnalité, une force de caractère, une voix, qui a orchestré tant de chorales et de veillées inoubliables. Une militante aussi et surtout, qui accompagnera sans relâche Bélier dans ses actions communautaires. Katie fera donc partie, bien naturellement, de l’équipe nationale d’encadrement des Pionniers qui animera les centres de vacances, en particulier en Corse, les activités et les programmes des stages nationaux ou régionaux.
A côté d’une vie professionnelle intense qui l’a amené à exercer de nombreux postes à responsabilité, Bélier ne cesse pas son engagement communautaire. Il mobilise inlassablement ses réseaux pour pérenniser l’action du DEJJ en France, pour aider le mouvement à se développer, à acquérir le local du DEJJ à Paris au 26 rue Botzaris. Il œuvre sans relâche, jusqu’à aujourd’hui, pour que les valeurs de pluralisme, d’écoute et de respect de l’autre, qui sont l’ADN du DEJJ, continuent de vivre au sein du mouvement et au-delà. Aujourd’hui discret, il est considéré par toutes et tous au DEJJ comme une voix de référence, une personne dont il faut toujours prendre le conseil parce que l’on sait qu’il sera juste, un leader incontesté, un homme d’une générosité sans limites et d’une foi en la vie et la jeunesse inébranlables.
Myriam CARABOT-BENLOLO
Paris – Octobre 2025