André Darmon, dit Otarie
Mon père André DARMON, Otarie de son totem scout, est né le 6 Septembre 1928 à Saïda (Algérie). Après son mariage en 1951, il a décidé de rejoindre la famille de ma mère au Maroc, à Casablanca.
C'est là que tout a commencé.
Sur une vieille carte d'identité on pouvait lire comme profession « Chef Scout ». C’est en effet au sein des Éclaireurs Israélites du Maroc qu'il a rencontré la plupart des éducateurs qui fonderont plus tard le DEJJ.
De cette période très intense du scoutisme, ils ont gardé bien sûr les valeurs qu'ils avaient chevillé au corps mais aussi leurs totems qu'ils garderont jusqu'à la fin : Lynclair, Chevreuil, Autruche, Bélier, ...
Enfant au Maroc, je me souviens des oneg shabbat avec les jeunes que l'on appelait les Cadets, l'aide que la communauté recevait de l’American Joint (fromage, vêtements, chaussures).
1962, départ du Maroc. Les uns vers la France, les autres pour Israël ou le Canada.
Pour mon père un séjour à Paris pour mettre en forme les statuts de la création du DEJJ, la création de délégations dans les grandes villes, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse et Nice.
Mon père fut nommé par Lynclair « Délégué Régional du DEJJ à Toulouse ».
Mon tout premier souvenir date de 1963.C'est la première réunion au Centre Communautaire. Nous étions peut-être 6 ou 7 enfants âgés de 6 à 9 ans avec 3 ou 4 adultes.
Des débuts difficiles pour s'implanter, faire connaître le DEJJ à Toulouse, réunir des enfants et adolescents, recruter et former des cadres.
Le fil conducteur et à jamais dans nos mémoires, ce sont les premières colonies de vacances : Rabastens, Layrac-sur-Tarn, Villefranche-du-Queyran, Salies du Salat, Saint-Pé-de-Bigorre, etc.
Durant la période des colonies nous avons appris à vivre et à grandir ensemble, les équipes prenaient les noms des douze Tribus d'Israël.
Le Vendredi soir c'était la joie suprême, nous nous faisions beaux et belles pour accueillir le Shabbat, les chants, la prière, l'attente du Samedi pour l'oneg et le beurre le matin (en semaine juste de la confiture). Pour ceux dont les moyens financiers ne le permettaient pas, Papa organisait leur Bar Mitzva au sein même de la Colo.
La communauté juive à Toulouse était à cette époque composée d'une majorité de familles dans le besoin. Les colonies de vacances et toutes les activités durant l’année permettaient un brassage de toutes les origines et cultures avec pour objectif une éducation juive, un enseignement issu des valeurs du scoutisme emprunt de modernité et de tolérance dans toutes les actions. Nous avons eu une enfance et une adolescence heureuse. Nous avons appris à chanter, à danser, à faire du théâtre, à organiser des spectacles pour toutes les fêtes, des bals pour collecter des fonds qui serviront à couvrir les besoins de nos activités.
Nous avons eu la chance de rencontrer au cours de ces activités des personnalités célèbres, des enseignants, des écrivains, des philosophes, des chanteurs, des compositeurs, des hommes politiques, ...
Nous avons vécu notre judaïsme de façon moderne, étudié la pensée juive, participé à des manifestations de soutien pour diverses causes notamment de soutien à Israël durant la Guerre des Six Jours ou celle de Kippour, pour soutenir et exiger la libération des Juifs d’URSS, pour lutter contre l’antisémitisme, etc...
Nous avons au fil des années rencontré nos amis du DEJJ des autres régions lors de séminaires de formation, en Suisse, à Boltigen, Gwatt-Thun, lors des camps des Pionniers ou de la JAC, à la Tour de Mare (Var), ou à Ashkelon en Israël, lors des congrès nationaux, des voyages, etc... Des moments de réflexion, d'échanges, de joie, de créativité.
Les enfants et les ados de l'époque ont grandi ; certains sont devenus les cadres du DEJJ et des institutions communautaires. Ils gardent à jamais dans leur mémoire cette parenthèse.
Mes amis de Toulouse dont la plupart vivent en Israël ont été la fierté de mon père.
Le DEJJ était sa vie, et le DEJJ a façonné nos vies.
Margalith DARMON BENARROUS
DEJJ Toulouse
Aout 2025
Temoignages DEJJ -Toulouse – a propos de Otarie zal :
Popy ( Prosper – Asher ) CORCOS :
« Le souvenir qui me reste d’Otarie zal : un homme modeste, silencieux, efficace qui a su réunir autour de lui , dans des conditions précaires , une bonne équipe de cadres dans une ambiance de coopération ( je ne me rappelle pas une seule fois qu’il y ait eu discorde majeure ) . Il savait s’effacer et mettre en avant ses cadres, les responsabiliser tout en leur donnant la sécurité qu’il restait leur appui . De cette façon, il avait mis en avant Jean-Pierre Elbaz et Gisele , ma sœur , Jo Zrihen pour le pionniers qui son devenus le noyau dur du DEJJ par la suite , Claude Laloum qui dès les années 67 a été le meneur de la JAC , puis du DEJJ – Toulouse ,
Il n’y a aucun doute que Otarie zal , par son action communautaire a sauvé toute cette jeunesse un peu éperdue , d’une assimilation menaçante et de la perte de son identité .
« Celui qui sauve une âme sauve un monde entier » : Son mérite est incommensurable et beaucoup lui sont redevables , Que son âme soit bénie.
Merci pour cette initiative d’honorer nos Seniors et fondateurs
Roger Derhi – ancien pionnier :
« Otarie aura été pour nous les toulousains, le leader incontestable au niveau de notre adolescence des pionniers avec ce cadeau superbe qu’ a été la CAVE. ( au 36 rue des Marchands-Esquirol ) Il nous aura drivé et motivé avec beaucoup d’intelligence. »